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Je reste roi d'Espagne - Carlos Salem


Auteur : François

Je reste roi d'Espagne - Carlos Salem

José Maria Aguirre, après une prestigieuse carrière de policier, a pris sa retraite à l’aube de la quarantaine pour s’installer en qualité de détective privé. Plusieurs fois décoré pour de brillants faits d’arme il a jadis opéré des missions d’infiltration dans les milieux dits subversifs. C’est chez lui que surgit Zuruaga, l’arrogant homme d’affaires, brillant des milles feux de sa réussite, un peu trop certain de la capacité de son immense tas d’or à ouvrir toutes les portes. Le magnat est venu proposer un marché au détective, mais la condescendance et les billets de Zuruaga exaspèrent le détective, qui le flanque à la porte pour une histoire de fourmi écrasée.

Pendant ce temps le roi d’Espagne a disparu. Le ministre de l’intérieur est sur le pont. Les polices sont démunies car sa Majesté reste introuvable. Le seul indice que possèdent les autorités est que Juan a quitté la scène officielle en laissant pour seul message : «  Je vais chercher le petit garçon. Je reviendrai quand je l’aurai retrouvé. Ou pas. Joyeux Noël. »

Arregui part alors à sa recherche. Poursuivi par les dangereux hommes de main du « chasseur » qui tire dans l’ombre bien des ficelles. Le détective va s’enfoncer dans l’Espagne profonde, celle qui vit à quelques kilomètres des autoroutes, celle des clochers et des péons. Et dans un époustouflant road movie, il va tenter de ramener le roi à bon port. Pour cela il lui faudra rencontrer un devin qui lit le passé des gens, un chef d’orchestre ayant perdu sa symphonie et traverser une rivière qui n’a pas de nom.

Carlos Salem nous raconte une histoire divertissante au cœur de l’Espagne profonde. Nous découvrons quelques trésors de ce fier pays, et nous jubilons de voir sa Majesté, quelque peu malmenée par l’auteur, mais qui rentre superbement en contact avec ses sujets. Il y a notamment une scène burlesque, où le roi déguisé  en hippie, au milieu d’une manifestation d’éleveurs mécontents, entonne avec des punks des slogans provocateurs : « Juan Carlos de Bourbon, au boulot comme un péon ».

Salem serait-il au roman noir ce qu’Umberto Eco est à la littérature blanche ? Je n’ai pas la prétention de répondre, mais la question est posée. Il y a en effet dans ces pages quelque chose de coloré, de vivant, de picaresque. L’auteur ne se prend guère au sérieux. Et sous couvert de course poursuite il nous entraîne dans ses délires. Divertissant et joyeux. Ses personnages sont bien étoffés. On éprouve de l’empathie pour ce couple royal en fuite. Et l’arrivée de connaissances argentines, crée une récurrence, un écho au premier ouvrage de l’auteur. Si vous connaissez Carlos Salem et que vous avez apprécié ses deux premiers polars, vous ne serez pas déçu. Par contre si vous n’avez jamais rien lu de lui je vous conseille de commencer par son premier roman « Aller simple ».